Vers les étoiles

[Tibrius II]

La douceur de l'air et le spectacle de milliers de lucioles tournoyant dans l'air du soir ne pouvait calmer le Proconsul.
Il y avait plusieurs semaines déjà qu' Alek était repartie vers les étoiles...vers les étoiles...Comment rester calme alors qu'il venait de prendre la mesure qu'une galaxie gigantesque lui tendait les bras ! Le manque de moyen le clouait désespérément au sol... Les étoiles étaient là, bien visible depuis son balcon. Elles scintillait tel un défi jeté à la face du jeune chef d'état.

Tibrius n'allait plus aux soirées, il n'organisait plus de banquet. Il passait ses soirs et ses nuits à contempler les étoiles. Là haut, à des années lumières de là des hommes et des femmes débattaient et décidaient du sort de plusieurs systèmes; peut être le sien était il en ce moment même au centre des discussions...L'impuissance et la frustration étaient des sentiments trop peu familier et des serviteurs eurent a pâtir de leur proximité avec leur maitre.

Du calme...De la dignité...Il fallait malgré tout garder la face, que l'on nettoie, que chacun reprenne sa place.

Des dizaines de milliers de citoyens travaillaient d'arrache pied pour satisfaire la nouvelle lubie de leur Proconsul. Une vaste campagne avait été organisé pour s'assurer que chacun partage l'engouement de Tibrius. Hélas les recherches trainaient en longueur et le gouverneur se morfondait. Car désormais pour lui tout avais perdu saveur et intérêt. Il ne souhaitais plus qu'une seul chose...Aller là bas...

...Vers les étoiles...

[Tibrius II]

Comment avait-t-il pu passer si vite de la jubilation à l'abattement ? Ce matin là un officier était venu à son réveil avec une nouvelle excellente: Le tout premier vaisseau de la République était enfin prêt ! Un détail néanmoins restait préoccupant. Les nombreux scientifiques à avoir travaillé sur le projet s'était tous déclaré défavorable à l'idée que Tibrius puisse être le premier homme de Terra Nostrum à tenter ce voyage.

Tibrius était confiant, une déclaration dans les média avait suffit : "Peu m'importe l'avis de ceux qui ont mis tant de temps à réaliser le rêve de toute une nation."
Malheureusement les sénateurs s'était déjà laissé convaincre et un vote fut organisé. Non seulement ses opposants avaient tout fait pour le contrarier mais sa majorité s'était montrée divisée et hésitante. Tant et si bien que Tibrius était maintenant pieds et poings liés, obligé par les lois à contempler les étoiles depuis son ridicule balcon de marbre.

Il était désormais assis dans le Sénat...Seul...Encore abasourdi par ce cuisant revers. Son esprit vagabondait...Il pouvait tous les faire tuer...devenir Empereur... Grâce à ses nouveaux amis de la Pax Galactica et l'argent qu'ils lui avaient donné il en avaient le pouvoir...Soudain des pas retentirent dans l'hémicycle. L'homme avançait d'un pas hésitant, nerveux. Tibrius leva les yeux lentement...Et parla:

- Éphialtès...Sais tu que tout ce que tu as, tu me le dois ?
-Je...
-LE SAIS TU ?
-Oui mais...
-ALORS POURQUOI L'OUBLIER !

Éphialtès était terrorisé, jamais il n'avait vu son souverain si furieux. Il était venu pour expliquer son vote et apaiser le courroux de son maitre. Apparemment c'était la deuxièmement erreur qu'il commettait aujourd'hui. Déjà Tibrius reprenait:

-Veux tu te racheter sombre cercopithèque bas du front ?
-Bien sûr, Je ferait tout pour vous servir et...
-Tais toi ! Vas et assure toi que celui qui montera à bord du Hermes I sera de notre coté.

Éphialtès se retira dès que la courtoisie le lui permit. Sa course résonnait encore dans les couloirs quand un mince sourire se dessina sur les lèvres de Tibrius...

Il avait une idée

[Tibrius II]

Le Proconsul de Terra Nostrum n'était pas un dictateur. A dire vrai son pouvoir était grandement limité, sous le contrôle du Sénat. Il avait à charge l'exécutif et le judiciaire. Les sénateurs débattaient et votaient les lois que le Proconsul devait faire appliquer et devait respecter lui même !
Mais sous estimer la marge de manœuvre du jeune Tibrius aurait été une erreur. Une erreur qui avait été commise par de trop nombreux sénateurs ces derniers mois. Il y a une chose que Tibrius pouvait faire dans le cadre de ses fonctions: nommer des magistrats et des préfets.Et il était bien décidé à le faire.

Le Proconsul Tibrius était en grande tenue d'apparat. Laurier d'or en tête il se tenait droit, drapé dans sa cape pourpre. Face au Sénat il fixa les visages familier dans l'Assemblée avant de commencer son oraison.

-Aujourd'hui je vais utiliser mes prérogatives, non car c' est mon droit mais parce que je le dois.
en ce jour:
devient Préfet de Limus: le seigneur Amulius
devient Préfet de Borvon: le seigneur Cestus
devient Préfet de Famicis le seigneur Lanista
devient Préfet de Vilis: le seigneur Callidromos
Cette promotion prend effet dès aujourd'hui et les seigneurs sus-nommés devront rejoindre leurs affectations respectives le plus tôt possible.

L'agitation gagna les gradins à ses mots. Les quatre chefs de l'opposition promus par le Proconsul ? Dans quel but ? L'inquiétude commençait à marquer les visages. Où diable se trouvaient Limus et Borvon ? Qui avait déjà entendu parler de Famicis ou Vilis ?

Le seigneur Cestus se leva lentement dans le brouhaha ambiant. Après un temps d'hésitation il s'adressa directement au Proconsul.

- Noble Tibrius ! Peux tu nous éclairer de ton...savoir ? Qu'est ce donc que ces territoires chimériques dont tu nous parles ?

-En effet ! Sot que je suis j'avais oublié de vous parler de cette broutilles... Lors de expéditions où je fus bloquer au sol par votre fait, sur mon ordre une colonie fut établie sur Terra Limitanei...

L'horreur du sous entendu glaça d'effroi les sénateurs

-...C'est sur cette petite planète marécageuse très pittoresque que se trouve votre nouveau poste.

[Tibrius II]

Pourquoi tant de lumière ?
trop de clarté et si peu de bruit...Aucun son ne lui parvient. Même les questions qu'il formule ne résonnent que dans sa tête.
Il dérive dans un univers blanc. La mort doit ressembler à ça. Pas de douleurs, aucun son...La paix ?

Un cri...Oui il a bien entendu un cri, très loin à ses cotés.

L'odeur de la poussière le submerge. Celle-ci s'insinue dans ses narines

Il en sent le gout dans sa bouche avec quelque chose d'autre...Du sang...Pourquoi aurait il du sang dans la bouche ?...Il ne boit que du vin...

Il reprends conscience de son corps. Ses doigts s'agitent...Cependant ils ne sent toujours pas ses jambes.

Enfin il voit...Des gravats, de la cendre...Un nuage épais l'enveloppe. Autours de lui des ombres cours. Les Parques sont là pour sont dernier voyage. Il remarque un casque prés de lui. Il est fendu de haut en bas, celui qui le portait n'a pas pu survivre.

Ce matin là il n'avait pas mis de casque...

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